La géographie, 'discipline du terrain' / S2 - 2018




INTRODUCTION. Etudier le 'Cadre général de l'action'. S'appuyer sur la 'Géographie des conflits armés et des violences politiques' de Stéphane Rosière (Ellipses - 2011)


PREMIERE PARTIE. De la guerre conventionnelle à la guerre révolutionnaire
  1. L'étirement logistique et le facteur transport
  2. Les corps expéditionnaires
  3. Les populations civiles / jusqu'aux guerres civiles ?
  4. Du nationalisme à l'internationalisme
    • Le peuple en armes
    • L'avant-garde du protariat léniniste 
    • Guérillas castristes contre libération maoïste

DEUXIEME PARTIE. Les compartiments de terrain
  1. La guerre en ville (poliorcétique)
  2. Les obstacles naturels
    • Les forêts
    • Les coupures humides
    • Les massifs montagneux
  3. Le facteur naval
  4. Le facteur aérien  

TROISIEME PARTIE. Les impacts négatifs de la guerre
  1. L'espace létal
    1. Pogroms, ghettos 
    2. Camps d'internement et/ou de concentration
    3. Camps d'extermination 
  2. Des massacres aux génocides
    • Mouvements (+/-) spontanés [Rwanda, 1994] 
    • Ethnocide, démocide, politicide  
  3. L'espace nettoyé de ses habitants originels
    • Totalitarisme appliqué au territoire
    • Remodelage, redéfinition des frontières, prédation des richesses 
  4. Déplacés, déportés, réfugiés
  5. Illusion de la victoire bénéfique : coûts désastreux de la guerre

QUATRIEME PARTIE. La Défense nationale. Missions permanentes de l'Armée de terre (territoire et population)
  1. Le facteur météorologique et le risque incendie
    • L'anticyclone continental (hivers sibériens)
    • L'anticyclone saharien (étés caniculaires)
    • Les risques spécifiques de la façade méditerranéenne 
  2. Les catastrophes naturelles et marées noires
    • Métropole et outre-mer : des tempêtes hivernales aux cyclones tropicaux
    • Circulation maritime et détroits périlleux 
  3. Le risque pollution et les catastrophes industrielles
    1.  Concentration des risques
    2. Dilution des actions dans le temps
  4. Contrôler l'espace ensauvagé et/ou rétablir l'ordre en ville 
    1. La forêt guyanaise
    2. La diagonale du vide
    3. Emeutes urbaines (passées et présentes)     
 *
Contraintes météorologiques (initiation)
1. L'homogénéité thermique et pluviométrique est aussi rare que précieuse [La climatisation de l'armée américaine a coûté plus en 2010 que la Nasa] mais elle peut disparaître plus ou moins brièvement...
¤ L'absence d'amplitude thermique (écart entre minima et maxima de températures) et la répartition des précipitations mensuelles existent dans le climat équatorial (par convergence des alizés). L'Europe océanique bénéficie - elle - de l'influence apaisante de la Dérive Nord-Atlantique, même si la continentalité (courbes d'isocontinentalité) et l'altitude l'effacent progressivement (France).
¤ L'hyper-continentalité temporaire inverse les données météo saisonnières de l'Europe occidentale. En 1709, une frange de la population française meurt littéralement de froid (exemple en Saône-et-Loire / Figure 8). Un anticyclone bloque l'influence de la DNA. Les hautes pressions maintiennent pendant plusieurs semaines une sorte de couloir pour vents dominants : subarctiques l'hiver (le froid ressenti diffère du froid réel), sahariens l'été.
  • En janvier 2014, les Etats-Unis sont traversés par des vents d'altitude dérivant des régions arctiques (vortex) avec des minima à - 37 °C (- 53 °C ressentis). En France, la référence remonte à l'hiver 1956 : source.
  • La canicule d'août 2003 révèle la fragilité de sociétés occidentales mûres. Chaque jour, des centaines de corps à gérer, non pas dans une zone isolée mais sur 40 % du territoire hexagonal : source.
  • En été, dans la moitié sud de la France, les incendies menacent la forêt méditerranéenne (source) plus ou moins imbriquée dans le bâti (exemple dans le Var). En août 1949, 50.000 hectares brûlent en Gironde et dans les Landes (source).
2. Les déserts froids, ou l'homogénéité thermique dans le froid.
¤ Les régions polaires (carte) s'étendent dans les deux hémisphères au-delà des cercles polaires : 66°36 (limite dite du soleil 'de minuit'). Lors du solstice de juin, le jour dure 24 heures.
  • Les conditions sont extrêmes, mais prévisibles, même en Antarctique (source), sixième continent vide d'hommes. Avec l'accélération du réchauffement climatique, les pays bordiers de l'Arctique rêvent d'un futur pour des autoroutes maritimes (source).

L'amplitude thermique est faible dans les hautes latitudes : par l'inclinaison du rayonnement solaireL'été boréal, de courte durée, permet une vie végétale et animale. Les eaux de surface se libèrent brièvement : débâcle. 
  • Durant l'hiver 1939-1940, les Soviétiques ont expérimenté la guerre dans le désert froid (source). 
¤ La haute montagne (carte). Les températures diminuent selon un gradient universel (6°C / 1.000 m). Elles varient selon le versant : le soleil éclaire l'adret et laisse dans l'ombre l'ubac, déterminant des limites paysagères (étagement).

L'amplitude thermique diurne est forte. Le jour (surtout par temps clair), les températures montent. L'air chaud s'élève : c'est la brise de vallée trompeuse et fugitive. La nuit, les températures dégringolent. L'air froid étant plus lourd, une brise de montagne surprend facilement le promeneur... (schéma). En fonction de l'orientation les fonds de vallées peuvent conserver le froid, par inversion de température (schéma). 
  • Dans les Alpes, on craint une disparition des glaciers à la faveur d'une succession d'étés trop soutenus (source).
  • Le risque d'avalanches (vidéo) augmente cependant, du fait de la pression touristique. Retour à Ortiporiu, février 1934 (source)
3. Les déserts chauds, ou l'homogénéité thermique dans le chaud.
¤ La stabilité anticyclonique, la continentalité et les courants marins froids provoquent, ensemble ou séparément, l'aridité : précipitations annuelles inférieures à 250 mm. La réalité désertique est cependant aussi humaine et paysagère
  • Au fil des millénaires, le Sahara s'est asséché (source) même s'il reste des oueds parfois actifs (source). Dans l'Adrar des Ifoghas, la ressource en eau reste liée à ce passé pluviométrique (lien). Dans ce contexte se nouent des conflits épineux : source

¤ Entre tropique du Cancer (N) et tropique du Capricorne (S) L'ensoleillement est maximal, car les rayons frappent à la verticale (90° sur l'équateur). Dans le désert, ils agissent d'autant plus qu'il n'y a pas de couvert nuageux. L'albédo fait grimper les températures, en fonction de la couleur des solsLa nuit, l'absence de végétation et le rayonnement cosmique se conjuguent pour  faire chuter les températures.
¤ Les phénomènes de Mousson (source) viennent exceptionnellement perturber le système aride, avec des effets plus ou moins dévastateurs (El Niño au Chili-Pérou) par la dévastation des écoulements. En Asie, alternent deux saisons. Le continent se refroidit en hiver (anticyclon + Mousson d'hiver) ; il surchauffe en été (dépression), attirant les vents océaniques sur le continent, en particulier les montagnes.
¤ Les pluies sont précoces à l'ouest (Inde) et tardives à l'Est (Japon); abondantes (Sri Lanka) ou irrégulières (Chine du Nord). 


*
ATTEINDRE un OBJECTIF, SE DEPLACER
1. Les littoraux actuels résultent de la transgression flandrienne (étudiée à Molène) constituent la limite océanique des continents; la plate-forme continentale permet de repousser au large la ZEE... Les activités traditionnelles déclinent; remplacées par le tourisme balnéaire, les interfaces portuaires.
¤ Littoraux ouverts : Cet adjectif désigne un littoral bas, le plus souvent en alternance (plage / côte rocheuse).
. Les sables proviennent du continent, via les fleuves. La houle les répartit plus qu'elle ne  les produit, le vent assurant un modelé complémentaire. Le cordon dunaire (avec falaise morte dans le Cotentin) est une forme évolutive. Certains secteurs sédimentent toujours : exemple de la baie d'Aiguillon.
. Les embouchures peuvent être larges ou étroites. Leur forme dynamique évolue en fonction de l'alluvionnement (lien). On peut évoquer comme spécifiques : les estuaires (la Plata), fjords (le Sognefjord) et deltas (le Nil). Voies d'accès privilégiées ? (opération Frankton en déc. 42)
Les côtes sableuses permettent des débarquements par accostage de barges (Pourquoi les Américains ont-ils choisi la Normandie le 6 juin 1944 ?) Le premier succès obtenu par les Alliés est au début de la campagne d'Italie, en Sicile méridionale, à l'été 43 (Anzio, en janv. 44 est plus mitigé). A Iwo Jima (mars 45), la victoire coûte cher aux Américains : 7.000 morts, 19.000 blessés (lien).
¤ Littoraux fermés : On a ici l'inverse, par la terminaison brutale du continent. Le plus souvent, le plateau continental est très étroit, voire inexistant.
. La violence du ressac explique la fragmentation des roches les plus solides (vidéo en Islande). A proximité de volcans actifs, le littoral évolue en fonction des éruptions (vidéo à Hawaï).
. Dans la zone inter-tropicale (à peine élargie), les récifs coralliens en Polynésie, et les mangroves (ici en Guadeloupe) viennent fermer une côte basse. L'outre-mer français est dans une logique conservatoire (lien).  
. A Dieppe (carte) à l'été 1942, 3.000 Canadiens meurent sur la côte à falaise : Opération Jubilée.
¤ Une littoralisation [Notion incluant les systèmes portuaires, laissés de côté ici] mal maîtrisée. L'activité touristique a longtemps été annexe (minorité + faiblesse du secteur Tertiaire) : De la Brière à Saint-Nazaire.
. Elle domine aujourd'hui en surface sur les littoraux de pays riches (ex. de Brisbane - Vilaine Nina), et grignote même ceux des pays émergents (ex. de Dakar - ...afrikeuropéenne).
. Les défis sont nombreux : vieillissement et déséquilibres territoriaux (Floride); concentration saisonnière et déclin des activités traditionnelles (Littoraux français); destruction paysagère, clivage sociologique et fragilisation vis-à-vis des risques naturels : ex. de Fort-de-France (carte).
¤ Au-delà des débarquements, le géographe constate que les littoraux sont des lieux d'intervention à part entière.
. La marée noire du Torrey Canyon (avril 1967 - intervention Armée de Terre).
. En 2010, la tempête Xynthia a surpris autorités et population (un an après, des questions se posent). La mer rentre dans les terres (carte) : au Génie de réparer le cordon dunaire !
2. Les massifs forestiers (répartition dans le monde)
¤ La forêt primaire est théoriquement non dégradée par l'homme. Souvent disparue, elle se maintient surtout dans la zone intertropicale et dans les zones montagneuses.
. La selva est un biotope complexe, caractérisé par son environnement physique (climat, sol), sa biomasse (variétés des essences) et sa structure (lien).
. Le combat contre la déforestation s'avère complexe (Brésil). Le sous-bois est obscur, peu ventilé et humide. Sols imprévisibles et encombrés (vidéo). 
. En Guyane, au barrage du Petit-Saut, le contexte forestier intérieur a récemment évolué. Harpie combine moyens de gendarmerie et de l'Infanterie pour lutter contre les orpailleurs...
¤ La forêt sempervirente de conifères : elle témoigne d'un passé glaciaire (en Manche, par exemple) relativement proche. En Europe occidentale, le réchauffement climatique a forcé la forêt de conifères à se réfugier en moyenne montagne.
. En Amérique du nord, cette même forêt a persisté malgré les sols pauvres & mal drainés, et le retrait de l'inlandsis (carte) : climat continental dominant. Sur ces territoires, la confrontation entre colonisation française et anglaise (lien) s'achève tragiquement avec la guerre de Sept-Ans (lien).
¤ La forêt mixte d'Europe correspond à la situation paysagère la plus courante. Elle s'impose progressivement dans la moyenne montagne française remplaçant l'ancien modèle de forêt entretenue, avec son sous-bois : rentabilité à 25/30 ans. En Suisse, elle occupe une partie du plateau central et les versants de vallées, profitant de la régression des estives.
. La forêt a été au cœur des projections stratégiques de la guerre froide, ce théâtre surnommé Centre Europe qui permet de comprendre les projet et (non) emploi du char Leclerc (lien).
. En Bosnie, ce cadre était familier : exemple du siège de Sarajevo (lien), avec les hauteurs boisées tenues par l'armée serbe.
¤ Forêt secondaire exploitée (feuillus) ou taillis inextricable ? L'histoire européenne, et plus particulièrement française a basculé au moment de la Révolution industrielle.
. Le lent déclin des surfaces agricoles s'est accompagné d'un progrès continu des forêts cultivées : besoin de la guerre, développement des besoins en bois (mines, villes, etc.).
. Le résultat est une forêt structurée, en particulier par essences (chênaie-charmaie dans l'Entre-deux-mers, en Gironde). Le résultat est contradictoire : forêt - loisir ou forêt - gisement ? En 2010, le rapport Gaymard établit une sorte de bilan (lien).
Le taillis et de façon générale les parcelles non entretenues constitue une menace réelle. La surpopulation des sangliers (lien) entraîne nombre de complications.
¤ Danger (outre les incendies déjà évoqués) : l'ensauvagement
. Existe t-il une diagonale du vide ? La forêt s'étend (lien) depuis la promulgation du code forestier en 1827. Elle accentue le fossé entre deux types de ruralité, l'une humanisée, l'autre pas (carte). Pour la gendarmerie, la gestion du territoire devient périlleuse... Klaus a tempêté
On peut citer des faits divers d'importance minime (...), comme la profanation de l'ossuaire de Douaumont. Mais dans le cas des ours des Pyrénées, le retour à l'état naturel pose la question du devenir des activités pastorales (lien). 
3. Les massifs montagneux (mise à niveau)
¤ Vallées glaciaires, voies de communication majeures. Bref retour sur les glaciations en Europe (Wurm, maximum -23.000 ans). Exemple des Vosges alsaciennes.
. Dans le massif alpin : 1.500 mètres de glace au niveau de Grenoble pour le glacier de l'Isère (source). Les sommets sont toujours restés au-dessus de la glace.
. Les vallées glaciaires ont été élargies, rabotées puis tapissées de débris morainiques. Forme en 'U' : Grenoble. Depuis le 1er janvier 2016, le centre de l'agglomération est passé à 30 km/h (lien); demeure l'encombrement lié aux déplacements régionaux (lien).
¤ La montagne a toujours protégé ses habitants. Elle isole des épidémies et des troubles politiques extérieurs, garantit un bon approvisionnement alimentaire.
. En Suisse, dynamique démographique (lien). Les envahisseurs restent à l'extérieurNi les armées du Saint-Empire (1291), ni celles de la République et du Consulat n'y pénètrent (source) ! Les Alpes forteresses ? Hitler a renoncé à envahir le réduit national suisse (lien)

. L'Afghanistan (carte) réunit quelques grandes vallées praticables (et anciennement utilisées) avec un potentiel agricole évident, et une très grande diversité ethnique.
. Mais il constitue un ensemble essentiellement montagneux impossible à contrôler Opium, misère du peuple afghanDrone de guerreObama n'est pas GéronteKaboul-au-Prince.
*
FAIRE FACE AUX RISQUES et PRENDRE en CHARGE les CIVILS
1. Inondations (des phénomènes physiques maîtrisables, des aménagements incontrôlables). L'occurrence d'une inondation dans une vallée dépend de l'alimentation en eau du bassin-versant (exemple de l'Amazone).
¤ De la source à l'embouchure (ou à la confluence) : puissance de l'écoulement, capacité de transport des alluvions.
. A l'amont, conjonction d'affluents montagneux, pente forte, érosion et encaissement. Plus la pente diminue, plus la vallée s'élargit, alluvionne, et plus la taille moyenne des affluents augmente. L'incision des vallées, une question de temps ?
. Les points sensibles : gorges (Trois-Gorges en Chine) et ponts servent de goulet d'étranglement en cas de levée des eaux. En pleine guerre sino-japonaise (journal), Chang Kai-sek décide de faire sauter les digues pour laisser le fleuve regagner son lit majeur et ainsi retarder l'avance des troupes japonaises : 900.000 morts (bilan imprécis, et pour cause) ?
Dans le cas de la Garonne (700 m3/s en moyenne à Bordeaux) si souvent turbulente, le débit moyen de l'Ariège est de 35 m3/s, celui du Lot de 150 m3/s, celui de la Dordogne de 380 m3/s. En juin 1875, la dernière grande crue du fleuve emporte tout : 9,47 m à Toulouse (Abbé Lanusse, originaire de Tonnens).

. Le risque de rupture existe à l'aval des barrages (source) : soit pour cause accidentelle (lien) soit dans le cadre d'un conflit : opération Chastise en mai 1943.
¤ D'une rive à l'autre : entre phases d'érosion et phases d'accumulation.
. Le chenal d'écoulement (ou d'étiage) occupe le thalweg. Au cours de ses crues saisonnières, le cours d'eau envahit le lit mineur : comme la Marne à l'Est de Vitry-le-François.
. Avec une régularité aléatoire (décennie, siècle, millénaire ?), mais en fonction de paramètres prévisibles, le cours d'eau occupe l'intégralité de sa vallée, autrement appelé lit majeur : inondation maximale.
. Dans la vallée alternent donc cycles d'érosion et d'accumulation. Sur un million d'années se constituent des formes topographiques : méandres ou terrasses (ex. dans la Drôme).
Sur un siècle, on voit se former une île, ou un chenal changer dans son lit mineur ; les digues figent artificiellement et font perdre la mémoire de l'inondation : comme à Tours [inondable à cause du Cher].

. L'étirement ingérable des réseaux routiers, en lien avec la périurbanisation. Exemple avec les ponts. Le 19ème RG (itw) traverse la Marne...
¤ L'alimentation varie en fonction des précipitations, mais avec un décalage. Celui-ci peut se compter en heures, jours ou semaines.
. Le ruissellement s'avère cependant moins déterminant que l'alimentation par la nappe saturéeLa répartition des précipitations - donc les climats - influe directement sur l'alternance entre hautes eaux et étiage.
. On peut distinguer les cours d'eaux selon leurs régimes hydrographiques glaciairesnivauxpluviaux (océaniques ou tropicaux). Dans le cas de la Seine, il y a plusieurs régimes, du fait même des caractéristiques de son bassin-versant...
A Paris [évacuation], les effets d'une crue suscitent la controverse. Des aménagements nouveaux peuvent-ils sauver la capitale ?
¤ La façade méditerranéenne, ou la concentration de tous les risques (Vaison-la-Romaine - carte - 22/09/92).
. Digues et barrages sont souvent des parades imparfaites : vallées courtes et à forte pente, artificialisation des sols, pression foncière et disparition des activités agricoles.
. Sous ce régime climatique, les courbes de crue prennent une forme catastrophique : exemple du Lot à Mende le 3 décembre 2003 (Lozère), sur la périphérie sud du Massif Central.
. Ainsi, l'aire urbaine de Montpellier occupe l'essentiel du bassin-versant du Lez (synthèse). A Draguignan, le flot a tout emporté.
. En Australie, l'armée est intervenue [Le journaliste, le climatologue et l'industriel]. A Houston (Texas), en avril 2016, il était trop tard pour constater le laxisme des aménageurs...
2. Accidents industriels (de la menace à la gestion de crise) 
¤ Industrie de base (dont BTP) contre industries high-tech.
. En Europe en en Amérique du Nord, l'industrie demeure : dangereuse mais globalement maîtrisée. Les activités se concentrent par spécialisation géographique : exemple du couloir de la Chimie à Lyon. Néanmoins, il y a une sorte d'oubli que les écologistes veulent empêcher.
. Une histoire commencée après 1750, avec des localisations successives (mines, sources énergie, ports). Amélioration de l'activité, concurrence des services et glissement à l'extérieur des zones urbaines (Fos sur mer) ou plus loin encore par délocalisation. Le container continue de révolutionner les échanges internationaux, mais le risque Seveso se concentre : exemple des Bouches-du-Rhône
¤ La pollution est le risque le plus fréquent (air, eau, flore et faune), entraînant un classement des sites par les pouvoirs publics : norme Seveso en Europe.
. Dans le cas de la sidérurgie, les scories sont chargées de phosphore. La chimie minérale rejette du chlore et du soufre. Les raffineries traitent des millions de tonnes de pétrole. Toutes les activités ne sont pas délocalisables : exemple des réserves stratégiques.
. Ce n'est pas la grosseur d'une usine qui la rend dangereuse : petite métallurgie dangereuse (plomb, mercure, etc). L'activité historique a cessé depuis des lustres ? Exemple des métaux lourds dans la Gironde.
Bhopal marque une rupture à plus d'un titre... En France, l'explosion du site d'AZF en 2001 symbolise un autre tournant : le cratère vu par la gendarmerie est toujours visible au sud de Toulouse.
¤ La pénurie résultant d'une rupture des approvisionnements s'avère plus probable, parce qu'elle touche au fonctionnement des sociétés modernes, par réseaux.
. Les produits cruciaux proviennent rarement de loin, comme dans le cas du pétrole. D'où l'importance des ports de commerce et des voies d'approvisionnements : un train transportant des produits chimiques...
. Dans le cas de l'électricité, l'allongement des réseaux tient à la sécurité (nucléaire), mais aussi à l'économie (intégration Canada-Etats Unis)... Les conséquences d'une rupture sont incalculables, à cause des NTIC. Le Québec annonce une nouvelle ligne.
. Il faut ajouter l'eau potable (risque terroriste) ou encore le risque alimentaire : exemple de Rungis (carte). L'armée a perdu la main...

. La sécurité civile est régulièrement prise de court. A Seveso, en Italie, il a fallu une dizaine de jours pour réagir (vidéo).
3. Les séismes, comme illustration d'une banalité du risque : ni vraiment humain, ni totalement naturel.
¤ Les continents continuent de dériver (dynamique) sur le manteau.

. Certaines plaques s'écartent (accrétion) d'autres s'entrechoquent (subduction).  Les limites extérieures de plaques concentrent une partie du risque : carte. Il existe un volcanisme et une sismicité intra-plaques (Tangshan, en juillet 1976). A la Réunion, il faut réévaluer le risque (lien).

. Les ondes sismiques se diffusent rapidement à partir de l'hypocentre (l'épicentre correspond au point de situation, en surface), rencontrant une résistance variable selon la structure des roches (sédimentaires ou non). La liquéfaction des sols menace spécifiquement les fonds de vallées et littoraux : exemple de la ville de Tokyo, déjà contrainte par un phénomène de subsidence (lien).

. Face au risque, la prévision tâtonne encore. Les normes para-sismiques ne peuvent s'appliquer que dans les régions vierges de construction. Les aménagements du bâti ancien le fragilisent souvent : exemple à Istanbul construite sur la faille nord-anatolienne et face à la mer de Marmara (lien). 

¤ A chaque catastrophe se pose la question du contrôle de la population civile éventuellement paniquée : prise en charge des blessés (morts), évacuation par couloirs, cantonnement derrière des cordons...
. A Grenoble, l'une des métropoles françaises les plus menacées, les effectifs de la sécurité civile suffisent pour le temps normal [source] : est-on vraiment dans le principe de précaution inscrit dans la Constitution ? 
. A Haïti, le séisme du 12 janvier 2010 provoque la mort de 200.000 habitants (?). Pour des raisons historiques, géographiques et médiatiques, les Etats occidentaux sont sollicités. La prise en charge des populations est immédiatement compliquée. Guadeloupe et Martinique se trouvent aussi concernées au premier chef : éruption de la Montagne Pelée en 1902 (lien).
¤ La combinaison des risques. Japon, mars 2011 [Carte]. Du séisme à la catastrophe nucléaire... Le 11 mars, un séisme de forte magnitude (+/- 9 sur l'échelle de Richter) dont l'épicentre est en mer provoque d'importants dégâts. Plusieurs séries de vagues ravagent les côtes (mécanismes). La centrale de Fukushima s'arrête alors et les Forces d'Autodéfense interviennent. Le nettoyage de la zone sera long et la problématique énergétique demeure.
. Et si la centrale de Nogent sur Seine avait un problème [lien] ? Mais c'est Fessenheim que l'on surveille [lien] !
INTERVENIR EN VILLE
1. L'étalement urbain (provoqué par le train, accéléré par la voiture), source de fragilités.
 ¤ Le centre-ville occupe le site désormais inutile - gué, point haut, etc. - comme dans le cas de Paris, au milieu d'une région parisienne en constante extension (lien). A Besançon, le site défensif était unique avant que la ville ne s'étende [Querelles bisontines].
. La ville - creuset, société structurée défendant ses privilèges contre l'Etat centralisé disparaît avec l'époque moderne : "Le Moyen Âge communal, entre mythe et réalité". Gentryfication. Après un lent déclin démographique, les trente dernières années ont vu un retour d'une population aisée, alors même que l'agglomération occupe un espace grandissant : exemple à Paris avec un maximum de population en 1921 (2,9 millions d'habitants).
. Dans les régions ex-industrialisées, le centre-ville reste dévitalisé, frappé par une sorte d'abandon : exemple à Detroit. A Birmingham [Vous avez dit délétère?], une population venue du sous-continent indien transforme le paysage urbain.
. Rénovation. Friche et quartier d'habitation déclassé connaissent une seconde vie grâce aux investissements publics, comme à Saint-Etienne [De l'aire urbaine de Saint-Etienne à celle de Detroit]. A Londres, le quartier des Docks - désormais préservé des inondations par l'installation de digues anti-submersion - renaît à l'époque de la mutation thatchérienne (lien).
¤ Immeubles et maisons jointives, le long des axes de communication. De la commune-centre de l'agglomération à sa première couronne. Hors hyper-centre, la ville hier alimentée par l'exode rural [Campagnes prolifiques ou malthusiennes ?] assure aujourd'hui l'essentiel de la fonction première de la ville : l'habitat.
. Aux immeubles des faubourgs succèdent les maisons jointes de banlieues; dans la continuité urbaine : exemple à Paris. La bourgeoisie cède la place aux classes moyennes. C'est ainsi que Tours se desserre au sud d'une rivière - le Cher - encore sauvage, plaçant la ville sous la menace d'inondation [Déjouer les tours du sort].
. Dans ces quartiers, on trouve encore une certaine hétérogénéité sociale, en passe de disparaître du fait de la poussée des prix de l'immobilier (lien) : Montreuil à l'Est de Paris (carte).
. L'Etat a tenté de reproduire en l'accélérant le processus d'urbanisation : création des villes nouvelles (lien) et des nouveaux quartiers ZAC. A Rennes, le but était de créer une commune de 500.000 habitants (en 1967). Les nouvelles cités installées sur les pourtours urbains ont mal vieilli : exemple au nord de Paris, en Seine Saint-Denis, ou au sud [Les nuits de Grigny]
¤ Périurbanisation pavillonnaire des cités-jardins. Au delà, à une distance +/- importante, s'étend la seconde couronne. Celle-ci s'étend, à la densité déclinante, avec l'abandon de la rue comme voie de circulation au profit de voies d'accès à un territoire privatisé.
. Les quartiers ont vite grandi, sur le principe du pavillon non collé, seul sur une parcelle de terrain. Les ménages modestes participent de ce mouvement, par obligation plus que par choix [La tache francilienne s'étend et les difficultés augmentent]
Le modèle premier est la banlieue de Los Angeles qui la première a expérimenté l'adaptation de l'urbanisme à l'automobile. A l'est de Paris, des villes ont vu le jour sur ce principe [Bussyland].
2. Protéger la ville : les centres-villes gentryfiés... et convoités.
¤ L'embourgeoisement. Les mairies promeuvent les transports propres, veulent chasser l'automobile et les activités perturbatrices. 
. Le nombre de voitures s'accroît rapidement [Une auto, des totaux] dans l'ensemble des aires urbaines, mais les centres - villes se métamorphosent en plates-formes piétonnières : exemple à Paris des voies sur berge fermées.
. Ville dangereuse hier ? La prostitution s'éloigne : exemple à Paris. La fonction festive monte en puissance, posant la question de sa régulation par les forces de l'ordre : exemple à Bordeaux [La Bourse ou le vice].
. La fonction commerciale connaît une mutation centre-périphérie, par spécialisation urbaine. Et la fonction religieuse historique ? Dans nombre d'agglomérations, la place de la cathédrale, église de l'évêque, se trouve renforcée. Mais où résident les croyants/pratiquants (lien) et/ou manifestants [Le retour de manifelle sera pour tous].
¤ Le centre-ville gentryfié devient une cible : lieu du rassemblement, lieu symbolique.
. Si les causes existent, elles sont de toutes façons multiples. A Nantes, à la suite de la manifestation du 22 février 2014 contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les événements dérapent [Casseurs inqualifiables].
. Les occasions pour un rassemblement en centre-ville ne manquent pas : match de foot, soirée électorale, manifestations de soutien à Gaza, ou hostiles au CPE. Inorganisés, sans signes distinctifs, mais avec des téléphones portables qui servent au besoin d'appareils photos. 
. Los Angeles, ville-automobile dépourvue de centralité, littéralement privée de tout transport public en site propre (carte) depuis la fin des années 1940 (lien) connaît une flambée de violence en 1992; les dégâts sont  spectaculaires...
¤ En mai 1968, tout commence sans signes avant-coureurs. Et puis rien ne se passe : les palabres débouchent sur du vent. Les ouvriers ne réagissent pas, dans un pays en pleine tertiarisation. L'autorité ne réagit pas. C'est le discours du général de Gaulle qui donne le signal de l'émeute. Vacance du pouvoir. Les archives parlent d'elles-mêmes (démocratisation, professionnalisation, autonomie, etc... ont fini par s'imposer ?!).
3. De plus en plus de citadins dans des aires urbaines de plus en plus étalées
¤ L'habitat individuel est devenu la norme dans un monde urbanisé.
. Vieillissement Dans une étude de 2009, l'Insee rappelle les différentes étapes qui ont conduit la France à rejoindre le modèle anglo-saxon. La baisse du croît naturel, le déclin industriel et le chômage de longue durée n'ont pas eu les effets espérés.
. Parce que le nombre de personnes par foyer diminue, parce que les trajets domicile-travail ne cessent de s'accroître, et parce que les prix de l'immobilier ont augmenté de façon continue (courbe de Friggit).
. L'étalement coûte cher en infrastructures (exemple de l'adduction), et fragilise le financement des services publics : exemple des établissements scolaires (lien).
. En plus de l'endettement des ménages, c'est le financement des collectivités locales qui est fragilisé en cas de retournement du marché immobilier. A plus long terme, l'artificialisation des terres par l'extension des zones urbanisées frappe (aussi) les régions touristiques (voir cartes et graphiques).
¤ Les zones urbaines à fortes densités se diluent et les poches de pauvreté s'enkystent
. Dans le cas français, les densités parisiennes (légèrement supérieures à 21.000 hab/km²) sont deux fois supérieures à celles de Lyon (10.000). Lille (6.500), Bordeaux (4.800) ou Marseille (3.500) : lien. Les grandes villes européennes se situent souvent en deçà de ce seuil (lien)
. La hausse des prix n'a pas entraîné une augmentation de la densité en France : Les espaces 'de la faible densité' semblent au contraire prospérer avec le succès de la métropolisation (lien).
. Il faut ajouter que l'homogénéisation sociale des quartiers populaires prend des formes parfois exacerbées : économie souterraine plus ou moins tolérée par les autorités dépassées par le déclassement social; dans quels cas faut-il parler de ghetto ? En novembre 2005 le feu a été circonscrit par la surveillance des réseaux de transports : un blocage aurait paralysé toute l'activité.
¤ L'espace urbain est-il devenu plus dangereux ?
. L'identité des quartiers va à l'encontre de l'attachement au territoire métropolitain, ou est-elle une première phase vers la citoyenneté. A Los Angeles, les gangs métropolitains assurent en tout cas un contrôle zonal (tout en se jouant des frontières et législations nationales). A Rio de Janeiro, l'intervention de 2010 montre ses limites. Le modèle est celui des Swat, aux Etats-Unis. 
. Le sentiment d'insécurité et la crainte du déclassement urbain s'entre-alimentent : le succès des Tea Parties l'illustre aux EU. L'électorat FN (carte) colle fortement avec la carte de la périurbanisation, en particulier en région parisienne. Les prolos bleus Marine 
La concentration des citadins dans les premières couronnes urbaines (exemple à Nancy) ajoute un élément de complexité…
¤ La ville ingérable ? Les surfaces urbanisées dépassent les moyens et effectifs des forces de l'ordre. Faut-il revoir (en France) les domaines d'intervention de la police et de la gendarmerie (rapport du Sénat) ? A Marseille, la police compte les coups...
4. Les réseaux de transport synthétisent la fragilité des sociétés métropolitaines.
¤ Les systèmes de transport se concurrencent sans s’annihiler : exemple du Grand Paris et de sa tache urbaine. Ils renvoient à la dépendance en énergies.
. En terme de sécurité collective, le principal problème est la saturation désormais habituelle des réseaux de transports en commun (Pas de hasards à Saint-Lazare) ou individuels (Nantes, capitale du bouchon vert).
¤ C’est pourtant la menace terroriste qui focalise l’attention des pouvoirs publics. Peut-on en permanence protéger les gares et aéroports ?
. Les discours l'emportent sur les analyses (Assemblée Nationale, 18 novembre 2015). Lors des attentats du 13 novembre 2015. Plusieurs sites parisiens ont été frappés de façon quasi simultanée, certains assez éloignés les uns des autres (lien). Dans le cas de New-York frappé le 11 septembre 2001, le risque lié aux aéroports demeure.
CONCLUSION
  • 'La géographie, çà sert d'abord à faire la guerre' (1976)

Commentaires

Articles les plus consultés